MON PREMIER AMOUR EST UN LOUP 

 

d'après le roman

 

LA FOLLE ALLURE 

 Auteur Christian Bobin

Éditeur Gallimard Collection Folio, numéro 2959 Nombre de pages 176 pages

 

 

 

LECTURE avec Isabelle ALFRED et Franck ACHARD

 

RÉSUME

 

Portrait d'une fugueuse et d'une figurante. De deux à vingt-sept ans, la vie d'une femme mariée sept ans avec un écrivain, découvrant l'amour avec un ogre violoncelliste et écologiste. Lucie a été élevée dans un cirque. Elle est une enfant rêveuse et a la bougeotte : elle court à folle allure après la vie, à moins que ce ne soit après l'amour ou le rêve ou, pourquoi pas, les trois à la fois. La musique est partout dans l'écriture de l'auteur.

 

 Dès la première page Bobin nous fait pénétrer dans le cœur de Lucie. On l’apprivoise de suite, on se laisse porter tout au long de sa vie, on assiste à sa quête du bonheur, de paix, on partage ses doutes, ses fantasmes, ses élans. Avec elle on vit légèrement et fraîchement son avancée vers un « on ne sait quoi » mais ce n’est rien, on verra bien...

 

L'un des écrivains les plus sensibles de langue française dont les écrits, véritables petits joyaux, oscillent toujours entre prose et poésie, la légèreté dans la gravité. Un parler franc, un parler à vif !

 

 

Extraits :

 

« Mon premier amour a les dents jaunes. Il entre dans mes yeux de deux ans, deux ans et demi. Il se glisse par la prunelle de mes yeux jusqu'à mon cœur de petite fille où il fait son trou, son nid, sa tanière. Il y est encore à l'heure où je vous parle. Aucun n'a su prendre sa place. Aucun n'a su descendre aussi loin. J'ai entamé ma carrière d'amoureuse à deux ans avec le plus fier amant qui soit : les suivants ne seraient jamais à la hauteur, ne pourraient jamais l'être. Mon premier amour est un loup. Un vrai loup avec fourrure, odeur, dents jaune ivoire, yeux jaunes mimosa. Des taches d'étoiles jaunes dans une montagne de pelage noir ».

 

La fatigue, la lenteur et le sommeil ont toujours été de mes amis. La plus petite action dans cette vie m’a toujours demandé une force énorme, insensée, comme si, pour l’accomplir, il me fallait soulever le monde entier, naître à chaque fois. Je comprends très bien que les nourrissons passent leur temps à dormir. Ils font un travail proprement exténuant : ils tètent une goutte de réel, une goutte seulement.

 

La vie de couple, je le découvre en quinze jours, c'est épuisant. Les premières nuits, je n'arrive pas à fermer l'oeil, à cause de la présence de Roman à mes côtés. Le sommeil est comme l'enfance, impossible à partager sauf avec un loup.